Et un jour presque comme les autres, il y eut LE MUR DE LA MORT.
On avait mis un moteur poussif dans un cadre de vélo et déjà fait plus d’un repenti de la petite reine.
On avait fabriqué des pistes en bois, des anneaux de bruit et de fumée ou les bolides d’alors, bien que relatifs, firent bientôt des veuves.
Le cinéma sortait lentement des baraques foraines mais les carrousels et les manèges faisaient le plein d’un petit bonheur fugace et salutaire. De quelques sous aussi. C’est sans doute là que l’histoire a commencé. En marge des pistes carnivores et pas dans un trou d’obus qui aurait emprisonné estafette et monture aux derniers jours de la grande guerre.Un zozo, un zozo génial, un patron de foire malin et ambitieux,
fatigué de pédaler, imagina la motocyclette tout juste accouchée sur une piste madérisée verticale aux allures de silo géant transportable à volonté, au rythme des saisons et des horizons.
Sans doute était il américain , ceux là osent tout, mais peut être pas. L’ histoire foraine ne s’écrit pas, elle s’adapte.
Tonneau, puits de l’enfer, tourbillon mortel, cylindre infernal, cuve diabolique, silodrome, motodrome,le mur de la mort était né et avec lui l’attraction ultime des foires de l’époque ; on s’y rendait pour voir les incroyables coureurs-acrobates à la verticale comme d’autres allaient découvrir les premiers aviateurs.
Son heure de gloire dura presque un siècle puis il s’est endormi par flemme à l’aube des années 1990 quand il suffisait de pousser un bouton pour voir se déplier un grand 8 vecteur de nouvelles sensations incomparables. Le plaisir retournait sa veste...
Aujourd’hui , le Mur de la Mort doit son salut à l’essort des sports mécaniques, festivals et autres raouts moto mais surtout à sa rareté, son exclusivité, son incongruité temporelle, à sa pureté.
On y triche pas, c’est un Mur de la Mort.
Ce Mur de la Mort, daté, pour sa mouture originelle, de 1930 environ, est construit aux Etats Unis, patrie de naissance de l’attraction. Probablement. L’histoire est un peu floue, au demeurant, il semble qu’après plusieurs années passées outre Atlantique, il soit arrivé en Europe à l’occasion du premier des nombreux rachats qui jalonneront sa carrière et généreront ses transformations. Il a navigué entre plusieurs familles, les Abbins, les Coutard, les Romano, les Rivières, peut-être d’autres, avant de conclure sa riche histoire foraine chez Adrien Lapoumeroulie, lequel, en fin de carrière et à l’aune du désintéret croissant pour l’attraction, le céda à deux jeunes comédiens de théâtre ambitieux qui y laissèrent bientôt les dents.
Remisé dans une grange auvergnate autour de 1990, il y fut abandonné, livré à l’humidité et la pourriture...Jusqu’à ce que presque par erreur, au détour d’une discussion improbable, trois amis l’extirpent de l’oubli et de la fange. Une fois remisé au sec, il aura fallu 5 ans pour que notre mur de la mort retrouve son vernis d’origine.
Grâce à l’octroi d’aides financières venues du programme leader de l’Europe, la DRAC, le conseil général , le conseil départemental, la communauté de communes Creuse Grand Sud et la ville d’Aubusson, la cuve est remise à neuf, et la structure métallique, soigneusement sondée puis reprise, retrouva son intégrité. Au passage, compte tenu de son grand âge et de l’originalité de sa conception, il obtient son inscription au patrimoine mobilier des monuments historiques.
De nouvelles bâches de couverture et de tour sont acquises ainsi qu’une remorque de transport.Les rampes d’accès d’origine ont du être remplacées par deux escaliers de type échafaudage pour faire passer la jauge de 50 à 110 spectateurs.
En 2021, des travaux d'ouverture d'une seconde porte dans la cuve permettent de transformer le mur en dancing à l'issue des représentations.
En 2022 et 2023, ce sont des travaux de facilitation de la mise en itinérance du Mur de la Mort qui sont prévus, afin de diffuser le tout nouveau spectacle du Collectif : Mortel Jus de Mortel.